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13/05/2011

Vient de paraître aux éditions Stock

VIKTOR OREKHOV, UN DISSIDENT AU KGB

Un ouvrage de Nicolas Jallot

Moscou, août 1978. Le capitaine du KGB Viktor Orekhov est arrêté et condamné à huit ans de réclusion 9782234070318FS.gifdans un camp de régime sévère. Deux ans plus tôt, cet officier chargé de la surveillance et de la répression des dissidents est « passé de l’autre côté du miroir » et a décidé, au péril de sa vie, d’aider et de protéger ceux qui se battent pour les droits de l’homme et la liberté en URSS.

Après une deuxième condamnation aux travaux forcés pour un motif fallacieux, Viktor Orekhov apprend qu’un contrat a été passé sur sa tête par ses anciens supérieurs. En 1997, toujours menacé, il est contraint à l’exil. Aujourd’hui, l’ex-brillant officier du KGB est livreur de pizzas aux États-Unis où il vit sans papiers, sans identité, sans téléphone…

dissident_kgb_orekhov_2b_c_n_jallot_copy3.jpgAprès dix ans d’enquête, Nicolas Jallot a retrouvé ce héros anonyme, cas unique dans l’histoire. Et, pour la première fois, Viktor Orekhov accepte de raconter son histoire.

À travers le destin hors du commun du « dissident du KGB » transparaît le portrait sans concessions des trente dernières années de l’URSS, d’un système totalitaire vu de l’intérieur par un de ses acteurs et de la Russie d’aujourd’hui. Un destin digne de celui du héros de La vie des autres.

L’histoire du KGB compte de nombreux espions passés à l’Ouest ou devenus agents doubles, mais Viktor Orekhov fut le seul et unique officier du KGB à être passé de la répression des dissidents à l’adhésion à leur combat. Le témoignage exceptionnel d’un homme victime de son courage, augmenté par les témoignages des dissidents sauvés par Orekhov.

 

Nicolas Jallot est journaliste d’investigation, auteur et réalisateur de documentaires pour la télévision. Son film sur l’histoire de Viktor Orekhov, Le Dissident du KGB, a été réalisé pour Arte (2010). Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages d’enquêtes dont Piégés par Staline (Belfond, 2003, Pocket, 2004) et Manipulation de l’opinion (Stock, 2007).

 


 

12:25 | Lien permanent

05/05/2011

Ni Kadyrov, ni son représentant ne se sont présentés au procès.

Déclaration de Memorial Moscou

Le 28 mars 2011, devait se tenir une nouvelle audience dans le procès au pénal intenté pour calomnie par Ramzan Kadyrov contre Oleg Orlov, le Président de l’association de défense des droits de l’homme Mémorial.

R. Kadyrov était supposé se présenter à cette audience pour donner sa déposition.

A la fin du mois de février, la veille de la précédente audience du procès, le représentant de R. Kadyrov, A. Krasnenkov, avait déclaré : « Kadyrov est, avant tout, un citoyen respectueux des lois, il ne s’oppose pas aux autorités fédérales, ni au système judiciaire, et c’est pourquoi il ne peut pas ne pas participer à ce processus judiciaire » (interfax.ru).

Le plaignant était déjà attendu lors de la précédente audience du procès (http://www.memo.ru/2011/03/03/0303112.html), le 3 mars, mais « étant très occupé », il ne s’y était pas présenté.

Lors de l’audience du 28 mars, ni Kadyrov, ni son représentant A. Krasnenkov ne se sont présentés.

Le juge K. Morozov a donné lecture de deux requêtes adressées à la Cour par Krasnenkov. Dans la première, il demandait de reporter de deux semaines la séance du procès au motif que « R. A. Kadyrov était en vacances ». Dans la seconde requête, il expliquait la raison de son absence par le fait qu’il était occupé par un autre procès.

L’avocat d’Orlov, G. Reznik, a déclaré que les personnes participant au procès n’avaient d’autre choix que d’accepter le report de l’audience. Par ailleurs, il a demandé au tribunal, au cas où le plaignant serait de nouveau absent à la prochaine séance, de décider si sa présence était indispensable à la poursuite du procès : « Selon la législation actuelle de procédure pénale, l’affaire peut être terminée en l’absence du plaignant. Si, bien entendu, le tribunal ne considère pas sa comparution comme indispensable.

La juge a fait savoir aux personnes présentes que le tribunal avait envoyé à Kadyrov, à de nombreuses reprises, des citations et des télégrammes sur sa convocation au tribunal en qualité de plaignant. Néanmoins, le tribunal n’a reçu aucune réponse du plaignant.

La prochaine audience se tiendra le 18 avril à 11h. On est supposé y écouter la déposition du plaignant.

A la fin de l’audience du tribunal, l’accusé O. Orlov a commenté ce qui venait de se passer :

Oleg%20Orlov_0.jpg« Le représentant du plaignant a assisté à toutes les audiences précédentes du tribunal  concernant cette affaire. Cela signifie que Ramzan Kadyrov doit savoir qu’on l’a, à plusieurs reprises, attendu au tribunal. Néanmoins, il ne s’est pas présenté au tribunal : tantôt parce qu’il travaille, tantôt parce qu’il se repose. Ses convocations au tribunal n’ont donné lieu à aucune réponse. Et aujourd’hui, Monsieur Krasnenkov ne s’est pas présenté au tribunal. La question se pose : pourquoi une autre audience, et non celle-ci, est-elle prioritaire à ses yeux, alors que la date avait été arrêtée à l’avance et en accord avec lui ? De mon point de vue, tout ceci est un manque de respect vis-à-vis du tribunal.

Dans la presse, une déclaration de Monsieur Krasnenkov est récemment parue. Il y dit que « pour le 28, nous n’aurons pas le temps de fournir les preuves complémentaires sérieuses, les documents et enregistrements, que nous avons. »

On ne comprend pas bien à qui correspondent ces « nous ».

Mais il est étonnant qu’en sept ( !) mois de procès, ces « nous » n’aient pas pu rassembler un ensemble de preuves convaincantes et qu’ils préparent maintenant, en toute hâte, sans pouvoir tenir les délais, des preuves complémentaires de ma culpabilité. Au tout début du procès, les médias avait déjà fait savoir que Monsieur Krasnenkov promettait de présenter au tribunal des « éléments qui feraient sensation » et qui démasqueraient Memorial. Les mois ont passé, ces éléments ne sont pas apparus au tribunal. Peut-être les prépare-t-on maintenant à toute vitesse ? Cela donne à réfléchir. »

Le sténogramme de la séance sera bientôt publié (en russe) sur le site de Memorial.  

 

21:35 | Lien permanent

29/04/2011

La Cour européenne des droits de l'homme a accordé un million et demi d’euros aux habitants d’un village tchétchène bombardé en 1999

 

LogoColour_154_2009-04-20.pngLe 29 mars 2011,  la Cour européenne des droits de l’homme a prononcé un arrêt concernant l’affaire « Esmoukambetov et autres c. Russie » (plainte n° 23445/03)

Cette affaire concernait la mort violente, le 12 septembre 1999 , d’habitants du village de Kogui, au sud-ouest de la République de Tchétchénie, non loin de la frontière administrative avec le Daguestan, soumis à un bombardement et une fusillade aérienne au cours d’une « opération anti-terroriste ».

 La Cour a reconnu la violation par les autorités du droit à la vie, du droit au respect de la vie privée et familiale, du droit au respect de la propriété et également du droit aux moyens d’une défense effective, reconnus dans les articles 2, 3, 8 et 13 de la Convention européenne et dans l’article 1 du protocole additionnel 1 de la Convention.

Les intérêts des requérants étaient représentés par les juristes du centre européen de défense des droits de l’homme (ENGAS Londres) et le centre de défense des droits de l’homme « Memorial » (Moscou).

Les requérants sont 27 personnes qui habitaient ou se trouvaient à Kogui au moment des faits.

tchetchenie.gifLe 12 septembre 1999, aux environs de 17 heures, deux avions militaires Su-25 sont apparus au dessus du village et, après un premier survol, ont commencé à mitrailler à l’arme lourde et à bombarder le village. Esmoukhambetov Maoutali a vu tuer sur place ses deux fils mineurs, Elmourat et Eldar, victimes d’une bombe tombée dans sa cour. Sa femme, Borambike, mortellement blessée par l’éclat d’une autre bombe, a décédé dans ses bras.

Peu après l’attaque aérienne, des habitants sont partis au Daghestan voisin sur leurs engins agricoles. En cours de route ils ont découvert le corps de Lida Abdourakhmanova.

Maoutali Kartakaev a découvert, après de longues recherches, le corps de sa mère, tuée par un éclat de bombe, ce même 12 septembre. Au total, les militaires ont lâché environ 70 bombes sur le village de Kogui, causant la mort de cinq paisibles habitants, parents des requérants et  détruisant une trentaine d’habitations.

Quelques jours plus tard, les militaires ont détruit les maisons restées debout, pour que les membres des formations armées illégales ne puissent y trouver refuge. Les habitants qui ont fui au Daghestan ont passé l’hiver 1999-2000 dans un camp de réfugiés. Certains d’entre eux ne sont pas revenus dans leur village.

En dépit des nombreuses plaintes, déposées auprès de diverses instances gouvernementales, concernant la mort de cinq parents des requérants et la destruction de leurs biens, des poursuites pour destruction volontaire de propriété n’ont été intentées que le 21 janvier 2002, soit plus de deux ans après les faits. Des poursuites pour avoir causé la mort de cinq parents des requérants ont été intentées après le début de la procédure pour destruction de propriété, mais l’affaire a été close le 23 septembre 2005 pour absence de corps du délit, l’action des militaires ayant été reconnue légitime et ayant pour but la prévention d’actes terroristes d’envergure.

Après le dépôt de la plainte des requérants à la Cour européenne des droits de l’homme en juillet 2003, la Cour a décidé d’examiner l’affaire en priorité. La Cour a rejeté les objections du gouvernement selon lesquelles la plainte n’était pas recevable, les requérants n’ayant pas épuisé les possibilités de recours au niveau  national, dans la mesure où la législation et la jurisprudence de la république de Russie ne prévoient la possibilité d’obtenir réparation pour destruction de biens qu’en cas d’actions illégitimes des fonctionnaires responsables.

Le gouvernement affirmait que l’attaque du village de Kogui, le 12 septembre 1999, était justifiée et absolument nécessaire, parce que les autorités auraient été informées que des membres des formations armées illégales s’approchaient du village et se préparaient à entreprendre un attaque terroriste de grande envergure. Les autorités de la république de Russie n’ont néanmoins apporté aucune preuve à l’appui de leurs dires. La cour a jugé ces arguments non convaincants et inadéquats : l’usage non ciblé de la force dans des lieux habités par des civils ne peut en aucun cas être considérée comme fondé. Il est important de noter que, pour fonder sa position, la Cour se réfère aux normes du droit humanitaire international.

La Cour a arrêté que les autorités de la Fédération de Russie, en violation des dispositions procédurales de l’article 2 de la Convention, n’ont pas mené une enquête approfondie des faits qui ont entrainé la mort de cinq parents des requérants.

En ce qui concerne la destruction des habitations des requérants, la Cour a jugé infondée la violation par les autorités du droit au respect de la vie privée et familiale et également du droit de propriété. La Cour avait déjà noté que la « Loi sur la lutte contre le terrorisme » n’était pas conforme à la Convention européenne, dans la mesure où, dans le chapitre 21 de la loi,  le cadre des pleins pouvoirs des représentants de l’Etat au cours de telles opérations n’est pas fixé avec suffisamment de précision.

Enfin la Cour a retenu que les requérants n’avaient pas la possibilité de faire valoir leurs droits au niveau national.

La Cour a ordonné le versement aux requérants d’une somme totale de 1 491 000 euros à titre d’indemnisation des préjudices matériels et moraux subis et de 9 350 euros de dépens aux représentants des requérants.

Cet arrêt a été rendu par la Cour européenne à l’unanimité. Les circonstances de l’usage injustifié de la force armée par les représentants de l’Etat, causant la mort de cinq parents des requérants, n’ont fait aucun doute pour la Cour, même en l’absence de documents que la Cour a réclamés en vain au Gouvernement.

Ainsi, la Russie a été à nouveau reconnue responsable de la mort de civils pendant les opérations militaires en Tchétchénie en 1999.

21:31 | Lien permanent