16/05/2011
Le Premier ministre et le salut des âmes
Déclaration de l’association internationale « Memorial »
Le 22 mars 2011, à Ljubljana, capitale de la Slovénie, le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a annoncé lors d’une conférence de presse : « Nous devons penser maintenant… aux victimes de plus en plus nombreuses que font tant la guerre civile – car c’est bien ce qui a lieu sur le sol libyen – que l’envoi de missiles et de bombes sur ce territoire. Nous devons tous y penser… et en premier lieu, ceux qui participent à cette tragédie doivent garder cela à l’esprit. Qu’ils y pensent et prient pour le salut de leur âme. »
Mais revenons une douzaine d’années en arrière. Poutine était déjà Premier ministre, puis a rempli la fonction de Président par intérim.
7 octobre 1999 : le bombardement du village d’Elistanji tue plus de 30 civils parmi lesquels des femmes et des enfants, faisant aussi des dizaines de blessés.
21 octobre 1999 : l’explosion d’un missile dans le centre de Grozny tue plus de 100 personnes et en blesse plus de 200.
29 octobre 1999 : le bombardement d’une colonne de réfugiés aux abords du village tchéchène de Chaami-Iourt, tue 16 civils et en blesse 11 autres selon les données officielles (manifestement sous-estimées).
Le même jour, une colonne de réfugiés qui fuyait le village de Petropavlovskoe pour la stanitsa Goriatcheïstotchnenskaïa essuie un tir d’artillerie. Au moins 23 personnes sont tuées, 7 autres succombent à leurs blessures à l’hôpital.
4-7 février 2000, le bombardement du village de Katyr-Iourt tue plus de 100 personnes parmi la population ; les chiffres officiels – toujours minorés – font état de 43 morts et 53 blessés.
5 février 2000, au cours du « nettoyage » du village de Novye Aldy et des quartiers périphériques de Grozny, 56 civils – dont des femmes, des personnes âgées et un bébé – trouvent la mort, comme l’a démontré l’affaire pénale qui a suivi.
Ce ne sont là que quelques exemples tirés de l’interminable succession de crimes dont a été victime la population civile de la république de Tchétchénie.
Lorsqu’il s’est exprimé, en 2011 à Ljubljana, Vladimir Poutine a, de toute évidence, totalement oublié non seulement ce qui s’était passé dans son pays mais aussi sa participation à ces événements tragiques. Le Premier ministre ne devrait-il commencer par prier pour le salut de sa propre âme ?
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