08/01/2013
Oleg Orlov, lauréat du prix du Groupe Helsinki de Moscou
« Nous continuerons à nous battre ! » a déclaré Oleg Orlov lors de la Journée internationale des droits de l’homme.
Lors de la Journée internationale des droits de l’homme, le 10 décembre 2012, Oleg Orlov, membre du Conseil de Memorial et instigateur du programme « Zones à haut risque », s’est vu décerner le prix du Groupe Helsinki de Moscou pour « son apport historique à la défense et au mouvement des droits de l’homme »
Oleg Orlov participe à ce mouvement depuis la fin des années 1970, époque où il collait des tracts contre l’introduction des troupes soviétiques en Afghanistan ou pour le soutien au syndicat polonais Solidarnosc. Il est à l’origine de la création de l’association Memorial et a dirigé pendant plus de quinze ans le Conseil du Centre de défense des droits de l’homme Memorial. Il a participé en qualité d’expert du Soviet Suprême de Russie à des travaux législatifs visant à une humanisation du système pénitentiaire sur tout le territoire. Membre du Conseil présidentiel de la Fédération de Russie pour le développement des institutions au sein de la société civile et pour celui des droits de l’homme, il a quitté cette fonction en 2006 en signe de protestation contre les commentaires du président Vladimir Poutine sur l’assassinat d’Anna Politkovskaïa, correspondante du journal Novaïa Gazeta.
En matière de défense des droits de l’homme, le Nord-Caucase a toujours été et reste encore l’aire d’action privilégiée d’Oleg Orlov. Une action qui, dans cette zone, met souvent la vie en péril. Ainsi, en novembre 2007, des hommes armés ont fait irruption dans la chambre de l’hôtel Assa de Narzan où Oleg Orlov, alors en mission en Ingouchie, était descendu et l’ont emmené de force dehors, lui et une équipe de tournage de la chaîne REN-TV qui séjournait également là. Ils les ont roués de coups, puis abandonnés en plein champ. Après s’être libérés des sacs qui les encapuchonnaient, Orlov et les collaborateurs de REN-TV sont revenus jusqu’à la ville, chaussés de simples pantoufles et marchant à travers la neige.
En 2009, Oleg Orlov a dénoncé dans un communiqué l’implication du président de la Tchétchénie Ramzan Kadyrov dans l’assassinat de Natalia Estemirova, collaboratrice de la section de Memorial de Grozny. Le président tchétchène a alors accusé Orlov de calomnie (un crime de droit commun, à l’époque) et lui a intenté un procès. A la suite de longs débats judiciaires, le tribunal a décidé de rejeter la plainte de Ramzan Kadyrov. Actuellement, Oleg Orlov poursuit son travail dans les « zones à haut risque » du Nord-Caucase. Il fait partie du Conseil du Centre des droits de l’homme Memorial et est membre de la Direction de Memorial International.
Lors de la remise du prix, Lioudmila Alexeïeva, présidente du Groupe Helsinki de Moscou, a donné lecture du discours de félicitations de Sergueï Kovaliov, un des plus anciens défenseurs des droits de l’homme de Russie : "Je regrette beaucoup que la maladie m’empêche de remettre personnellement ce prix à Oleg Petrovitch Orlov. Cela aurait été un grand honneur pour moi. Il va sans dire qu’Oleg Orlov mérite ce prix. Je suis même convaincu que nous ne l’avons pas suffisamment récompensé pour les services qu’il a rendus au mouvement des droits de l’homme. Son apport à notre cause est vraiment historique. Nous nous connaissons depuis les origines de l’association Memorial : il arpentait les rues pour collecter des signatures et inciter tous ceux que cela ne laissait pas indifférents à participer à la création de Memorial. Dès notre première rencontre, j’ai été aussitôt conquise par son sourire extraordinaire. Malheureusement, il éclaire bien moins souvent son visage par les temps qui courent".
"Quand on reçoit un prix pour son apport historique à la défense des droits de l’homme, on pourrait être tenté de se désengager, d’aller paisiblement à la pêche ou se consacrer à ses souvenirs" a déclaré en réponse Oleg Orlov. « Mais ni moi, ni les autres activistes ne cédons à cette tentation. Tout aussi paradoxal que cela puisse paraître, nous le devons au pouvoir actuel. Non, il est trop tôt pour se retirer. Nous continuerons à nous battre ! »
Le prix du Groupe Helsinki de Moscou est décerné avec diverses nominations pour la quatrième fois. La nomination «Pour son apport historique à la défense et au mouvement des droits de l’homme» a eu pour précédents lauréats : Alexandre Daniel, Youri Schmidt et Boris Poustintsev.
21:02 Publié dans Prix et distinctions | Lien permanent | Tags : groupe helsinki