14/12/2011
Déclaration de l’association Internationale Memorial sur le jugement de Ioulia Timochenko.
Il y a deux jours est paru, sur Internet, le verdict rendu le 11 octobre à Kiev par le tribunal du district Petcherski, au procès de Ioulia Timochenko, ex Premier ministre d’Ukraine.
Sans avoir la possibilité de porter une appréciation juridique circonstanciée sur ce jugement, nous estimons néanmoins nécessaire de faire la déclaration suivante.
Les poursuites pénales de dirigeants politiques retirés du pouvoir, visant telle ou telle décision de gouvernement prise par eux dans la période où ils étaient au pouvoir, exigent de la part d’un tribunal une prudence particulière pour définir les intentions, le corps du délit, le préjudice causé, ainsi que pour fixer le degré de la peine. Il convient, en outre, d’être particulièrement attentif au respect du droit à un jugement équitable.
Les informations connues de l’opinion quant à la nature du délit imputé à I. Timochenko, la cruauté et le caractère abusif de la mesure de détention préventive et du jugement rendu, les multiples entorses aux normes d’une procédure judiciaire équitable pendant le déroulement du procès nous amènent à conclure à la motivation politique des poursuites pénales engagées, que l’on peut qualifier de règlement de comptes politique. Le jugement rendu public ne contient même pas une description complète du corps du délit imputé à I. Timochenko.
Memorial exprime sa protestation contre l’utilisation de l’appareil judiciaire à des fins politiques, exige l’annulation du jugement et la libération de Ioulia Timochenko.
La direction du mouvement international « Mémorial, le 17 octobre 2011.
10:55 Publié dans Appels et communiqués | Lien permanent
Anatoli Martechenko, 25 ans depuis son décès
Un 8 décembre, il y a vingt-cinq ans, le dissident, mémorialiste et publiciste Anatoli Martchenko décédait dans la prison de Tchistopol
Anatoli Martchenko est né en 1938 à Barabinsk dans la famille d’un cheminot. Dans sa jeunesse, il a participé à des expéditions géologiques, travaillé dans des mines de charbon et sur des exploitations pétrolières. A l’automne 1960, il tente de fuir l’URSS mais est arrêté à la frontière et condamné à six ans de détention pour « trahison de la patrie ». Il purge sa peine dans des camps pour prisonniers politiques de Mordovie et à la prison de Vladimir, où il étudie avec ardeur et lit beaucoup. A sa sortie de prison, c’est un homme instruit, aux opinions politiques affirmées.
A sa libération, en 1966, il rejoint le milieu des intellectuels dissidents de Moscou. Il entreprend presque immédiatement d’écrire un ouvrage sur les camps et les prisons politiques soviétiques dans les années 1960, dont il avait eu l’idée pendant sa détention. Fin 1967, il achève la rédaction de l’ouvrage Mon témoignage, premier témoignage sur les camps de l’époque poststalinienne en URSS, qui connaît un grand retentissement. Il circule très largement dans le pays en samizdat puis est édité à l’étranger et traduit dans de nombreuses langues. *
En 1968, Martchenko publie dans la presse étrangère plusieurs appels consacrés à la situation des détenus politiques soviétiques, ainsi qu’une lettre ouverte dénonçant la menace d’une intervention militaire soviétique en Tchécoslovaquie. Il est arrêté fin juillet 1968 pour « violation du régime des passeports ». A dater de ce jour, sa vie n’est plus qu’une longue suite d’arrestations, de condamnations, de camps et de relégations. En 1976, alors qu’il est relégué en Sibérie orientale, il adhère à la plus importante organisation indépendante soviétique de défense des droits de l’homme, le Groupe Helsinki de Moscou. Il publie en samizdat et à l’étranger plusieurs articles politiques, le roman autobiographique De Taroussa à Tchouna et un fragment d’un autre roman autobiographique, Vis comme tout le monde, (qui demeura inachevé, de même que plusieurs esquisses de textes autobiographiques qui nous sont parvenus.) Il refuse à plusieurs reprises d’émigrer, ce que lui propose avec insistance le KGB.
En mars 1981, Martchenko est arrêté une dernière fois (sous l’accusation d’« agitation et propagande antisoviétique) et condamné en septembre à dix ans de camp et cinq ans de relégation. Du 4 août au 28 novembre 1986, il observe une grève de la faim à la prison de Tchistopol pour obtenir la libération de tous les prisonniers politiques soviétiques.
Le 8 décembre 1986, onze jours après avoir cessé sa grève de la faim, il meurt subitement alors qu’il n’avait pas encore quarante-neuf ans, selon la version officielle des suites d’une insuffisance cardiaque et pulmonaire sévère.
Six jours après le décès d’Anatoli Martchenko a lieu l’appel téléphonique historique de Mikhaïl Gorbatchev à Gorki qui met fin à la relégation extra judiciaire de l’académicien Sakharov dans cette ville. La libération massive des prisonniers politiques pour laquelle Martchenko a lutté pendant vingt ans, débutera un mois et demi plus tard.
Mémorial, décembre 2011
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Rencontre avec B. Belenkine le 15 décembre 2011
10:39 Publié dans rencontre | Lien permanent | Tags : paris